Ce n’est un secret pour personne, nos achats issus du e-commerce ont grimpé en flèche ces dernières années. Et l’impact de nos livraisons sur l’environnement a pris le même chemin. Nous, consommateurs, avons adopté des habitudes d’achat en ligne qui nécessitent une logistique intense. Ces livraisons, bien que pratiques, ont un impact environnemental considérable, dont nous ne sommes pas toujours conscients.
Alors que de plus en plus d’acteurs de la logistique durable cherchent des solutions pour atténuer cet impact, nous pouvons aussi, en tant qu’e-consommateurs, adopter des pratiques plus responsables. Dans cet article, je vous dévoile les impacts qui se cachent derrière nos livraisons et je vous livre 5 pistes pour y remédier.
Les livraisons : Un impact caché, mais bien réel
En France, le e-commerce continue de croître. Selon la FEVAD (Fédération du e-commerce et de la vente à distance), 83% des Français achètent désormais en ligne, avec une moyenne d’un achat par semaine par personne. Cela représente 42 millions de colis qui transitent chaque semaine sur les routes françaises.1 Le développement des solutions de revente, comme Vinted ou Leboncoin, participe également à cette dynamique, en multipliant les trajets de livraison, même pour des objets d’occasion.
Et ces livraisons ne sont pas anodines. L’impact logistique des livraisons représente une part importante des émissions de gaz à effet de serre. Selon l’ADEME, la logistique urbaine (les livraisons en ville) est responsable de 1/4 des émissions de CO2, ainsi que de 1/3 des polluants atmosphériques émis en milieu urbain2. En d’autres termes, une grande partie de la pollution de l’air que nous respirons dans nos villes est liée à nos colis. Et cette pollution provoque chaque année 40 000 décès sur le seul sol français.3
Cette situation est exacerbée par les livraisons à domicile : le dernier kilomètre, cette phase où le colis arrive à votre porte, est de loin le plus polluant. Les colis sont déposés unitairement dans de multiples lieux de livraison : à domicile, en relais-colis, en consignes ou en entreprise. Le nombre de transports et de véhicules impliqués explose. En moyenne, les véhicules sont pleins à 65 % seulement, sans compter les nombreux transports retours. 25 % des trajets se font encore à vide.4 Par ailleurs, chaque livraison échouée (en cas d’absence) peut multiplier par deux les trajets de ces véhicules.
Mais cette situation angoissante n’est pas sans solution. De nombreuses entreprises œuvrent en coulisses pour vous proposer des solutions moins polluantes : des transports en véhicules électriques ou en vélo-cargo avec une limitation du fret aérien, des livraisons groupées depuis des entrepôts plus proches de chez vous. Cette liste est loin d’être exhaustive.
Et bonne nouvelle, en tant que consommateur, nous avons les moyens d’agir pour réduire cet impact.
5 conseils pour réduire l’impact de nos livraisons
Dans la seconde partie de cet article, je vous livre cinq gestes simples qui, à grande échelle, peuvent significativement alléger l’empreinte écologique de nos livraisons.

1. Bien choisir ses produits avec la méthode BISOU
Ne nous le cachons pas, une partie de nos achats en ligne est impulsive. Et les marques de vos produits préférés, reines du marketing, savent bien s’y prendre pour nous donner envie de passer à la caisse sans se poser de question.
Tout comme lors des achats en magasin, il suffit parfois, avant de valider son panier, de se poser quelques instants et de réfléchir plus longuement à son besoin :
Ai-je vraiment besoin de ce produit ?
Je vous recommande la méthode BISOU. Elle vous aide à mieux consommer en cinq questions simples et pertinentes :
- Besoin : Est-ce indispensable ?
- Immédiat : En ai-je besoin tout de suite ?
- Similaire : Ai-je déjà un objet similaire ?
- Origine : D’où vient ce produit ?
- Utilité : Est-ce vraiment utile ?
Ces questions sont d’autant plus importantes que nous sommes très nombreux à retourner une partie des produits que nous achetons. Et chaque retour, chaque commande superflue, représente un trajet supplémentaire pour les transporteurs. Sans compter les déchets supplémentaires d’emballage que cela génère.
2. Privilégier les achats locaux ou la seconde main
L’achat en circuit court présente un double avantage : non seulement vous soutenez les commerces proches de chez vous, mais vous réduisez considérablement les distances parcourues par les colis. Pensez cependant à regarder l’origine des composants ; car si vos colis n’ont pas fait le tour du monde, leurs composants, eux, l’ont peut-être fait.
Vous pouvez également acheter des produits d’occasion, via des plateformes comme Vinted ou Leboncoin. Vous prolongez ainsi la vie des produits et limitez l’extraction de matières premières et le transport de produits depuis le bout du monde, ce qui réduit encore l’impact environnemental. Attention cependant à ne pas multiplier les flux, en vendant et achetant plus que vous ne l’auriez fait avec des produits neufs. Vous limiteriez peut-être l’impact sur les matières premières, mais pas l’impact logistique : retour à l’étape BISOU.
Le Graal serait d’acheter de seconde main, utile et près de chez vous : vous triplez les bénéfices, pour la planète, comme pour votre porte-monnaie.
3. Choisir le mode de livraison le moins polluant
Selon l’étude EcoCO2 réalisée en 2022 pour Mondial Relay5, la livraison en point relais réduirait de 30 % les émissions de GES de la livraison du dernier kilomètre, par rapport à une livraison à domicile. En d’autres termes, se faire livrer en points relais serait 30 % moins polluant qu’une livraison à domicile. C’est encore plus vrai pour les livraisons en magasin, lorsque les produits sont déjà en stock.
Mais l’ADEME a relativisé cette donnée l’an passé dans son étude sur les impacts environnementaux de la logistique, des transports, et des déplacements.6
Tout va dépendre de la manière dont vous vous déplacez pour récupérer votre colis. Si vous faites plus de 5 kms aller juste pour aller récupérer votre colis, vous risquez de tripler son impact logistique global. Par contre, si vous allez le chercher à pied ou en vélo, la livraison en magasin, en point relais ou en consignes serait plus vertueuse. Pourquoi ? Parce qu’un seul transporteur peut livrer plusieurs commandes en un même lieu, au lieu de multiplier les trajets. Regrouper vos commandes ou opter pour une livraison en point relais que vous irez chercher à pied pourrait donc être un bon moyen de réduire votre empreinte carbone.
Mais comme tout ça n’a rien de très simple et reste corrélé à de nombreux facteurs, l’Ademe a mis en place un calculateur des modes de livraison sur son site. Vous pourrez comparer en quelques clics l’impact des différents modes de livraison pour vos différents achats et retraits.
Certains sites en ligne, comme Fnac-Darty indiquent également l’empreinte carbone de chaque mode de livraison.
Simulation de livraison sur le site de la Fnac d’un livre avec retrait en magasin : 0,12kg CO2
Simulation de livraison d’un livre dans la même ville en relais-colis : 0,19 kg CO2
Simulation de livraison d’un livre à domicile dans la même ville: 0,21 kg CO2
Dans cette simulation de commande d’un livre sur Metz, la livraison en magasin est la moins polluante, car le livre était déjà en stock. Mais si vous devez prendre votre voiture pour aller le chercher, les émissions seront beaucoup plus importantes. Pensez dans ce cas à récupérer vos colis en profitant d’un trajet déjà prévu pour limiter les déplacements supplémentaires !
Le saviez-vous ? Les livraisons express sont souvent plus polluantes, notamment lorsqu’elles nécessitent un transport longue distance, parfois en fret aérien. Il est également plus compliqué pour les transporteurs de grouper ces commandes plus urgentes, d’où des véhicules moins remplis et un volume d’émissions plus important. À vous de voir si vous avez vraiment besoin de votre achat dans les 24 heures.
4. Être présent pour la livraison
Si vous choisissez d’opter pour la livraison à domicile, chaque livraison échouée entraîne des émissions supplémentaires : le transporteur doit refaire une partie du trajet, ce qui alourdit le bilan carbone de votre colis. Assurez-vous d’être présent lors de la livraison si elle doit vous être remise en main propre, pour éviter un deuxième passage. Les créneaux de livraison n’étant pas toujours très précis et les imprévus par définition inévitables, vous pouvez opter pour des solutions émergentes comme la livraison chez un voisin–relais Pickme ou dans une consigne automatique, lorsqu’elles vous sont proposées.
Certaines entreprises innovantes proposent des lieux de livraison encore plus inédits, notamment en zone rurale. AGRIKOLIS propose ainsi de se faire livrer ses colis encombrants dans des fermes. Fini les journées de congé imposées pour réceptionner vos meubles en bas de chez vous.
5️. Réutiliser et recycler les emballages
Les emballages sont souvent les grands oubliés de la pollution liée aux livraisons. Selon La Poste, 39% des émissions de CO2 des colis proviennent de ces emballages. C’est énorme ! Une solution simple consiste à réutiliser les cartons pour de futurs envois, ou opter pour des alternatives comme les emballages réutilisables, proposés par des startups telles que Hipli.
Et vous avez également le droit d’être exigeant. Refuser les suremballages et privilégier les produits sans excès d’emballage, c’est autant de déchets évités et de ressources préservées.
Certaines sociétés engagées vous invitent à faire ce choix, par option ou par défaut. Et rien ne vous empêche de vous plaindre, après vos achats, des paquets surdimensionnés et des suremballages inutiles. Vous êtes leur raison d’être, tout au moins pour leur chiffre d’affaires. Et plus vous serez nombreux à vous manifester, plus les distributeurs seront obligés d’en tenir compte.
Conclusion : Ensemble, pour une logistique plus verte
Nous avons tous un rôle à jouer dans la réduction de l’impact environnemental des livraisons. Que ce soit en repensant nos achats ou en adoptant des gestes simples, chacun peut contribuer à un e-commerce plus durable. Les professionnels du secteur logistique mettent déjà en place des solutions innovantes pour répondre aux défis de la logistique durable, mais nous, consommateurs, pouvons aussi faire la différence.
Chaque commande en ligne est une opportunité de repenser nos habitudes et de faire un geste pour la planète. Alors, prêts à transformer vos livraisons en un acte plus durable ? 🐝🌍
- ademe-commerce-ligne-impacts-environnementaux-logistique-transports-deplacements-rapport-p.6 ↩︎
- https://presse.ademe.fr/2024/03/logistisque-reduire-limpact-carbone-du-dernier-km-grace-a-lextreme-defi-logistique.html ↩︎
- https://www.santepubliquefrance.fr/determinants-de-sante/pollution-et-sante/air/articles/pollution-atmospherique-quels-sont-les-risques ↩︎
- https://presse.ademe.fr/2024/03/logistisque-reduire-limpact-carbone-du-dernier-km-grace-a-lextreme-defi-logistique.html ↩︎
- https://www.mondialrelay.fr/media/124587/one-page-%C3%A9tude-ecoco2.pdf ↩︎
- https://librairie.ademe.fr/mobilite-et-transport/6261-commerce-en-ligne-impacts-environnementaux-de-la-logistique-des-transports-et-des-deplacements.html ↩︎